Notre histoire
Situation géographique et bref historique de Crysler
Le village de Crysler se situe dans le canton de Finch, au nord-ouest du comté de Stormont dans l'Est ontarien. La rivière Nation sud sillonne à travers les terres fertiles de la région. Sa présence a sûrement attiré les pionniers à venir s'établir dans cette région. Le village tient son nom de John Pliny Crysler. Il était marié à Sarah H. (dont le nom de famille est inconnu) et est venu s'établir à Crysler en 1865. Il était le fils du célèbre Colonel John Crysler. À l'âge de douze ans ce dernier a participé comme petit tambour à la bataille de "Buttler's Rangers" en 1779. Il reçut 60 000 acres de terrain en guise de reconnaissance pour sa loyauté envers l'Angleterre. Il était également colonel de la milice lors de la bataille de Crysler's Farm, le 11 novembre 1813.
Le terrain reçu s'étendait donc du fleuve Saint-Laurent jusqu'à Crysler. Il légua le lot 12, concession 10, emplacement actuel de Crysler, à son fils Ralph.
Il faut se souvenir qu'à cette époque l'économie était centrée principalement autour de la coupe du bois. Cette richesse naturelle donnait du travail aux colons l'hiver. L'arrivée du printemps signalait le temps de la drave, une méthode économique de transport vers les grands centres. C'est ainsi que les draveurs amenaient les billots sur la rivière Nation sud de Crysler jusqu'à l'Outaouais et ensuite vers Bytown, le principal marché de bois.
La première digue fut érigée en 1808 et reconstruite en bois en 1895. John Pliny Crysler y avait construit un moulin à farine actionné par la descente de l'eau sur une grande roue à palme.
Un pont construit en 1885 reliait pour la première fois les deux rives de la Nation sud à Crysler. Il fut emporté par la crue des eaux au printemps 1886 et reconstruit avec une charpente d'acier en 1890.
Les colons venaient de plus en plus s'établir à Crysler. Ces nouveaux arrivants étaient à forte majorité anglophones et de descendance irlandaise et écossaise. Quelques colons francophones venus d'Embrun, mais surtout de la région de Montréal, ont par la suite colonisé la région. Les anglophones demeuraient sur la rive nord de la rivière alors que les francophones s'établissaient sur la rive sud.
C'est afin de répondre aux besoins de tous que M. Crysler a donné des parcelles de terrain pour l'érection de trois églises, soit une catholique, une anglicane et une presbytérienne.
Historique de la paroisse Notre-Dame-du-Rosaire
Les débuts de cette paroisse remontent donc aux années 1870. À ce moment-là elle était considérée comme la mission Sainte-Marie de la paroisse Saint-Andrews du canton de Cornwall, diocèse de Kingston. Elle conserva ce titre jusqu'en 1873, date à partir de laquelle elle fut connue sous le titre de Mission de Finch et Roxborough. Ce n'est que plus tard que la paroisse recevra le nom de Notre-Dame-du-Rosaire.
La construction de l'église catholique a débuté en 1868. Ce petit édifice de 40 pieds par 60 pieds (12,2 X 18,3 mètres) a pris six ans avant d'être complété. Un petit autel et soixante bancs furent installés lors de l'arrivée de notre premier curé, le Révérend Thomas Sprat. La pierre angulaire porte la date du 4 mai 1870. La première messe y fut célébrée le 22 septembre 1870. La paroisse comptait trente-trois familles françaises, irlandaises et écossaises.
Le curé Sprat ne demeura qu'une année et fut remplaçé par le Révérend Charles Duffus, le 16 juillet 1874. Celui-ci se procura un lot au nord de l'église et y construisit un presbytère de briques. Lorsqu'il quitta, le 24 juin 1879, le presbytère était presqu'entièrement payé. Un cimetière fut aménagé à l'arrière de l'église.
Le Révérend William M. Fox acheta une nouvelle cloche pour l'église. Il la fit baptiser Mary Catherine et renouvela l'autel.
La première visite épiscopale eut lieu en 1882 et la seconde en 1885. Lors de cette dernière visite l'évêque de Kingston, Monseigneur James Vincent Cleary, confirma 221 sujets. Il s'adressa premièrement en anglais, mais fit un sermon en français. Il profita aussi de cette occasion pour ordonner la construction d'une nouvelle église. La première église n'avait pas une fondation assez solide et les murs semblaient dangereusement instables. Craignant pour la sécurité des paroissiens il les incita fortement à agir sans plus tarder.
L'abbé John Twoney fut nommé curé de la paroisse pour les années 1889-1891. Le 1er août 1889, on apprenait que la paroisse ferait désormais parti du nouveau diocèse d'Alexandria comprenant les comtés de Stormont et Glengarry.
En plus de celui à l'arrière de l'église, un nouveau cimetière fut aménagé sur le chemin de Lafrenière et bénit en septembre 1896. Angélina Godard, fille de Joseph Godard et de Louise Chartrand fut la première personne enterrée dans ce cimetière. L'abbé William McKinnon était curé de la paroisse à ce moment-là.
L'érection du chemin de la croix dans la vieille église eut lieu le 1er octobre 1898.
La pierre angulaire d'une nouvelle église fut bénite et posée le 11 juillet 1899. Un texte historique de l'événement, des journaux de l'époque, de même que des pièces de monnaie et des gravures de l'évêque, Monseigneur Alexander Macdonnell, furent placés à l'intérieur de la pierre angulaire. C'est le dimanche 10 septembre 1899 qu'eut lieu la dernière messe dans la vieille église; le lendemain commençaient les travaux de destruction.
La première messe célébrée dans la nouvelle église comme telle fut celle de Pâques, le 15 avril 1900. La bénédiction officielle de l'église eut lieu le 1er mai 1900. Le premier mariage célébré dans la nouvelle église fut celui de John Beehler et Bridget Anastasia McCadden le 30 avril 1900. Le premier baptême dans cette église eut lieu le 6 mai 1900 et fut celui de Joseph Ernest Omega Hébert. Les premières funérailles furent celles de Rosalba Dubois, épouse de Théophile Lapalme le 27 juillet 1900. Le curé lors de la construction et de l'inauguration de la nouvelle église était l'abbé Donald R. Macdonald qui fut curé de 1898 à 1906.
L'éclairage électrique fut introduit dans l'église la nuit du 25 décembre 1905. C'était l'inauguration de l'utilisation de l'éclairage électrique à Crysler. Joseph Bishop et fils avaient établi une station d'électricité dans leur moulin à farine.
L'abbé Terence Fitzpatrick demeura à Crysler pendant un an, soit de 1906 à 1907. Son successeur, l'abbé Michael J. Leahy vint s'établir en 1907 et y demeura vingt-quatre ans, soit jusqu'en 1931. Ce dernier fut très apprécié de ses paroissiens. Il est même enterré dans le cimetière paroissial.
L'abbé J. Henri Bougie desservit la paroisse de 1931 à 1944, suivi par l'abbé J. Albert Goulet de 1944 à 1954. Les prêtres demeuraient maintenant plus longtemps dans la paroisse, ce qui apportait plus de stabilité.
L'église nécessita des travaux de rénovation en 1954. C'est alors que l'abbé Bernard Guindon fit réparer le plafond de l'église. Des peintures furent ajoutées, de même qu'un système automatique de chauffage à l'huile.
Le 26 mai 1960, l'évêque d'Alexandria, Monseigneur Rosario Brodeur, a présidé la cérémonie de consécration de l'église. Des reliques authentiques de saint Paul et de saint Philippe Néri furent déposées dans un coffret d'argent. Ce coffret comprenait également les documents attestant l'authenticité des reliques, l'acte officiel de la consécration, quelques médailles et certaines pièces de monnaie. Cette boîte fut scellée dans le sépulcre de l'autel principal.
En 1962, Mme Herman Lehoux suggéra au curé de l'époque, l'abbé Rhéal Gagnon, d'aménager la sacristie en salon funéraire. Cette nouvelle idée allait faciliter la vie des gens de Crysler en leur offrant ce service dans leur village. Malheureusement, la première personne à être exposée à Crysler fut l'époux de Mme Lehoux.
En 1963 l'abbé Rhéal Gagnon décida lui aussi de rénover l'intérieur de l'église. Le maître-autel et les autels latéraux dataient du début du siècle; il les fit changer pour des autels en bois naturel. L'orgue fut aménagé à l'avant de l'église et la messe qui avait toujours été chantée en latin commença à être dite en anglais et en français.
Il fit ériger une grosse croix illuminée à l'avant, à droite de l'église actuelle pour commémorer l'emplacement de la première église. Le cimetière à l'arrière de l'église fut défait et le terrain prêté à l'école Notre-Dame-du-Saint-Rosaire.
L'abbé Gagnon était un homme très dynamique. Il aida à organiser le premier carnaval, s'impliquait dans des activités culturelles et composait même des pièces de théâtre.
L'abbé Bernard Guindon revint pour une période de cinq années, soit jusqu'en 1975. L'abbé Roger Desrosiers fut curé de la paroisse de 1975 à 1977. Le Père Fernand Brazeau, C.S.V., prit ensuite la relève jusqu'à son décès en 1980.
Le Père J. Roch Bougie, C.S.V., devint notre pasteur de 1980 à 1993. Ce dernier aimait bien le temps des sucres. Il avait, avec l'aide de plusieurs bénévoles, exploité de nombreux érables des environs. Ayant amassé une quantité considérable de sirop, il eut l'idée d'organiser au printemps un dîner des sucres. Il fournissait le sirop et une équipe de bénévoles préparait le repas. Ce dîner amassait des fonds considérables pour la paroisse et permettait aux gens de se rassembler pour un heureux événement.
L’abbé Claude G. Thibault fut notre nouveau curé entre 1993 à 1999. Claude, un jeune prêtre très actif, s'impliqua auprès des membres de la paroisse et les encouragea par différentes façons à participer à la vie paroissiale. Il démontra une énergie et une joie de vivre qui incita les gens à le suivre. Il a travailla à la planification des fêtes du 125e anniversaire de la paroisse et a, pour l'occasion, organisé une messe télévisée à Radio-Canada en février 1995. Le père Claude fut l’instigateur des préparatifs pour les travaux importants de rénovation qui devaient prendre place dans les années à venir.
L’abbé Marc Piché est, depuis 1999, notre nouveau curé. Le père Marc, un autre jeune prêtre très actif, participe activement aux différentes activités de la paroisse et de la communauté. En 2000, il mène à terme le project de rénovation de notre église, débuté par le Père Thibault. Pendant l’été 2000, les paroissiens se réunirent pour les messes dans la salle de gymnastique de l’école. C’est le samedi 16 septembre 2000 que fut célébré la première messe dans l’église rénovée. L’inauguration officielle prit place en la présence de notre évêque Monseigneur P.LaRoque le 7 octobre 2000
Les écoles et la venue des religieuses de Sainte-Croix
La première école séparée catholique, en bois rond, fut construite en janvier 1876. Elle était située à l'arrière de l'église catholique.
En 1922, une nouvelle école fut construite pour accueillir cent un élèves. Elle était plus spacieuse et comprenait quatre classes et deux corridors. Son ouverture marqua également l'arrivée de religieuses dans notre communauté. Les Soeurs de Sainte-Croix furent invitées par la Commission scolaire de Crysler à venir prendre la direction de l'enseignement dispensé à l'école catholique. C'est ainsi qu'elles arrivent à Crysler le 29 août 1922 et s'installent temporairement au presbytère pendant que le couvent est en construction. Elles y aménageront le 2 septembre 1922.
L'école du village fut complètement rasée par un incendie le 1er mars 1941. La reconstruction débuta tout de suite grâce à la générosité du Ministère et des contribuables. Cette troisième école, très moderne avait l'électricité, le chauffage et un bon système d'aération. Elle accueillit ses premiers élèves le 9 décembre 1941. L'école actuelle fut construite en 1959-1960. Elle était des plus avant-gardistes car elle avait un gymnase et un jardin d'enfants en plus de d'autres facilités pour le personnel enseignant et la direction. Une nouvelle annexe à cette école fut ajoutée en 1965 et l'on démolit la vieille école de deux étages en 1966, donnant ainsi plus d'espace aux élèves sur la cour d'école. Les jeunes de Crysler ont pu, de 1924 à 1967, poursuivre leurs études de 9e et 10e dans leur paroisse.
À cause d'un nombre insuffisant de religieuses, les Soeurs de Sainte-Croix durent quitter notre paroisse à la fin juin 1967. Les membres de la paroisse et différents organismes ont essayé de faire renverser leur décision mais ce fut en vain.
L'école actuelle accueille maintenant 205 élèves.
Le village et la communauté actuelle :
Le village de Crysler, très réputé pour ses célèbres inondations de 1907, 1938, 1950 et 1976, s'est fait construire une digue le long du côté sud de la rivière Nation sud. Cette digue contourne également les établissements construits à l'est de la rue Queen. Depuis cette construction en 1984 le village n'a pas eu à subir les effets de la débâcle au printemps.
Le pont de 1890 fut remplacé par une construction d'acier en 1935 et renouvelé en 1975 par une structure à base de piliers de ciment.
Les commerces, autrefois très nombreux, se sont éteints un après l'autre pour différentes raisons. Le feu est la cause première pour de nombreuses pertes; les commerces ne furent pas reconstruits. Certaines compagnies extérieures ont fait l'achat de commerces afin de diminuer la concurrence sur le marché. C'est ainsi que, peu à peu, les gens du village avaient de moins en moins d'emploi chez eux et devaient, pour survenir à leurs besoins, chercher du travail dans d'autres localités. Certains commerçants sont cependant demeurés fidèlement en poste. Nous espérons qu'ils continueront leur prospérité à Crysler pour de nombreuses années à venir.
Les moyens de transport plus rapides et modernes permettent maintenant aux gens de se déplacer facilement pour aller travailler à l'extérieur du village. Nous devenons de plus en plus un village banlieue de la ville d'Ottawa.
Les paroissiens qui autrefois exploitaient leur terre de 80 ou 100 acres ont vendu peu à peu leur ferme à de plus grosses entreprises. C'est ainsi que l'on retrouve maintenant moins de fermiers dans cette région qui autrefois dépendait presqu'essentiellement d'agriculture.
La population à 80% francophone s'entend très bien avec les anglophones de la place. Un climat de bonne entente règne et les gens se sentent respectés dans leur culture.
Crysler est à se refaire une nouvelle image. Le village est maintenant équipé d’un système d’aqueduc et d’égout. Une résidence pour les personnes âgées a été construite et nous pourrions assister à un renouveau économique dans le village.
Nous sommes maintenant bien ancrés dans le nouveau millénaire. Que nous réserve l'avenir ? Nous avons plus de 125 belles années dernière nous. C'est tout un héritage qui nous a été légué. Il n'en appartient maintenant qu'à nous pour que ce ne soit qu'un début!
Août 1995 et mai 2001
Le présent texte composé par Denise Bourdeau fut appuyé des ressources suivantes:
Crysler par Gilberte Farley, Diane Legault, Thérèse Papineau et Carole Prévost;
Ebauche de l'historique de la paroisse, Juliette Champagne ;
L'Histoire de Crysler par Mme Rosa Lafrance;
Les soeurs de Sainte-Croix dans la montée avec les franco-ontariens, Hélène Bériault,c.s.c. ;
Pioneer History of Finch Townships, Teachers of Finch Township;
Pro-f-ont, Crysler, Roger Cayer;
Registres de la paroisse Notre-Dame-du-Rosaire, Ontario;
Village de Crysler, Conseil des écoles séparées des comtés de S.D.& G.